COVID-19 : L’UNAT alerte le gouvernement des conséquences sur le secteur du Tourisme Social et Solidaire
Suite à la phase trois de l’épidémie, l’UNAT a adressé un courrier au Premier ministre pour alerter des conséquences économiques lourdes sur le secteur du Tourisme Social et Solidaire. Elle propose des mesures rapides et d’ampleur pour préserver les clients, protéger les emplois et assurer l’avenir des structures.
Celles-ci représentent plus de 1.650 établissements accueillant environ 5,3 millions de vacanciers pour 19,3 millions de nuitées, pour un chiffre d’affaire global d’environ 1,1 milliard d’euros, et environ 13.000 ETP. Le secteur rassemble à la fois des organisateurs de séjours, des hébergeurs et des voyagistes ; ces activités pouvant être cumulées au sein d’une même structure. Le poids des groupes (dont scolaires et séniors) y est particulièrement important.
Les voyages scolaires et les Accueils Collectifs de Mineurs ont été les premiers impactés suite aux annonces du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse. Leur activité est à l’arrêt complet depuis bientôt deux semaines et beaucoup se trouvent en danger, quelle que soit leur taille.
Les hébergements collectifs (villages vacances, auberges de jeunesse notamment) sont également largement percutés. Si les annonces liées au stade 3 ne concernent pas les hôtels, mais uniquement les lieux de restaurations, les spécificités de leur offre rendent souvent impossible de dissocier l’hébergement de la restauration.
Aussi, en pleine responsabilité, de très nombreux opérateurs ont fait le choix d’aller plus loin que les mesures annoncéessamedi 14 mars, en fermant tous leurs établissements. Ce sont des choix difficiles, mais ils le font en conscience au regard de leur engagement social et de la nécessité de protéger les clients et les salariés, et de préserver leurs structures.
Les conséquences sont encore difficiles à chiffrer, mais elles seront colossales. Aussi, il est important que la parole du président de laRépublique soit appliquée dans les meilleurs délais pour que tout soit « mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte ».
Les mesures déjà annoncées pour assurer la continuité économique sont importantes. Toutefois, L’UNAT alerte sur le fait qu’elles ne seront pas suffisantes si elles ne sont pas déployées immédiatement et adaptées aux spécificités de chaquesecteur.
L’enjeu est de sauvegarder la trésorerie de nos entreprises, et ce à très court terme. Or, il nous revient que les banques sont encore très réticentes à accorder des prêts de trésorerie aux acteurs associatifs et de l’Économie Sociale et Solidaire, tout comme Bpifrance. Il est vital que ce point soit rapidement débloqué ou qu’un autre dispositif alternatif soit organisé. Cela pourrait par exemple être le cas avec la Caisse des Dépôts et des Consignations qui connaît bien notre secteur par le biais del’investissement.
Par ailleurs, l’UNAT propose de :
- Remplacer l’obligation de remboursement par l’émission d’un avoir valable un an, comme l’a fait le gouvernement italien pour préserver la trésorerie des entreprises, même si cela nécessite de dépasser les limites du droit communautaire;
- Mettre en place un fonds national temporaire de garantie pour protéger toutes les entreprises de la filière d’un risque de succession de liquidations, et ne pas aggraver, par des ruptures de garanties financières, une situation déjà tendue suite à la faillite de Thomas Cook et de plusieurs compagnies aériennes;
- Envoyer un message puissant aux banques et aux assurances pour prendre en compte cette situation exceptionnelle;
- Travailler avec la Caisse des Dépôts pour un report et un échelonnement des loyers pour les établissements dont elle est partie prenante en tant qu’investisseur;
- Demander aux clients institutionnels et publics de régler les séjours et les réservations sans opposer le servicenon-échu.
55% des établissements du Tourisme Social et Solidaire sont situés en zone rurale, dans des communes de moins de 3.500 habitants. Ils accueillent majoritairement une clientèle française et participent activement à faire vivre le droit aux vacances tel qu’il est énoncé dans la loi de 1998 de lutte contre lesexclusions.
Notre priorité collective doit être de tout faire pour préserver les emplois et les structures, afin que continue de vivre un tourisme et des vacances de qualité, accessible à tous partout sur le territoire national.